Malgré une manifestation tenue le 21 juin à Dakar contre Ouagadougou, le gouvernement sénégalais exprime sa « solidarité » à son homologue burkinabè.
La diplomatie sénégalaise n’a pas tardé à répondre à la charge de son homologue burkinabè contre les organisateurs d’une manifestation, tenue vendredi dernier à Dakar, contre la junte militaire à Ouagadougou. Initiée par la Coalition sénégalaise des défenseurs des droits humains (COSEDDH) et Amnesty International, elle avait pour but de dénoncer la répression de la liberté de presse et d’expression ainsi que les nombreuses arrestations de membres de la société civile, dont le célèbre avocat Guy Hervé Kam, par le régime du capitaine Ibrahim Traoré.
Face à cette mobilisation de militants des droits humains dans la capitale sénégalaise, le ministère des Affaires étrangères du Burkina Faso a indiqué, lundi, son « regret » et son « incompréhension », « sans aucunement reprocher au Sénégal une quelconque forme d’ingérence », a précisé mercredi, dans un communiqué transmis à APA, la ministre sénégalaise de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall.
Pour montrer leur soutien à leurs autorités militaires, des manifestants de la Coordination nationale des associations de la veille citoyenne du Burkina Faso ont organisé mardi 25 juin un sit-in pacifique devant l’ambassade du Sénégal à Ouagadougou en vue de remettre à l’ambassadeur une copie de la lettre de protestation que son président, Djibril Sawadogo, a adressée au coordonnateur d’Amnesty International du Burkina.
« Contrairement à des rumeurs qui circulent, ni le personnel diplomatique, ni les locaux de l’ambassade n’ont fait l’objet d’une quelconque menace de même que les citoyens sénégalais résidant au Burkina Faso, qui continuent de vaquer à leurs occupations », a souligné Mme Fall.
Elle note que le gouvernement sénégalais « réaffirme sa solidarité » et salue les efforts de son homologue burkinabé « dans sa lutte résolue contre le terrorisme et ses efforts pour la restauration de l’intégrité territoriale du pays ».
Pour couper court aux polémiques, le secrétaire général de la section sénégalaise d’Amnesty International, Seydi Gassama, a précisé mercredi dans le quotidien sénégalais Bés Bi que « l’Etat du Sénégal n’a rien à voir avec (leur) manifestation ». Des manifestants burkinabè se sont indignés du fait que les nouvelles autorités sénégalaises aient autorisé une telle manifestation contre les dirigeants de leurs pays. Toutefois, M. Gassama a noté que ces derniers n’avaient « pas à mêler Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko à cette affaire ».
Après avoir renversé en septembre 2022 le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a prolongé en mai 2024 la Transition de cinq ans, conformément aux recommandations des assises nationales.
Ces derniers jours, il a démenti les rumeurs d’un « mouvement d’humeur » au sein de l’armée à la suite d’une attaque jihadiste meurtrière dans le nord-est du pays. « Les mouvements d’humeur c’est faux, il n’y a rien du tout », a assuré le chef de la junte burkinabè à la télévision d’Etat RTB.