Le Burkina Faso suspend TV5 Monde, la chaîne d’information ne peut plus diffuser pendant six mois

Dans un communiqué, le Conseil supérieur de la Communication (CSC) met en cause une édition du journal télévisé de lundi qui avait « pour invité Newton Ahmed Barry », un journaliste et ancien président de la commission électorale du Burkina Faso entre 2014 et 2021, critique du régime militaire actuellement au pouvoir.

« Des insinuations malveillantes »
Dans cette émission, Newton Ahmed Barry était notamment interrogé sur la situation sécuritaire au Burkina Faso, une semaine après une attaque jihadiste meurtrière contre soldats et civils à Mansila, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida). Le CSC affirme avoir « relevé des insinuations malveillantes, des propos tendancieux frisant la désinformation et des affirmations de nature à minimiser les efforts consentis par les autorités de la transition, des forces de défense et de sécurité et des populations dans l’élan de reconquête du territoire national ».

L’armée burkinabée a par ailleurs qualifié dans un communiqué « d’infondées et mensongères » les « rumeurs sur les réseaux sociaux », faisant état depuis plusieurs jours « de mouvements d’humeur et de mutineries dans certaines casernes militaires ». « Le chef d’état-major général des armées rassure les vaillantes populations qu’il n’en est rien », peut-on également y lire.

La suspension de TV5 Monde s’accompagne aussi d’une amende de 50 millions de francs CFA, qui équivaut à environ 76 000 euros.

Suspension de nombreux médias étrangers
Ce n’est pas la première fois que le Burkina Fasso suspend des médias étrangers. Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, lors d’un coup d’État en octobre 2022, de nombreux médias, principalement français, ont été suspendus de manière temporaire ou définitive. TV5 Monde avait déjà été suspendu de diffusion pour deux semaines le 28 avril, pour avoir diffusé un rapport de Human Rights Watch accusant l’armée « d’exactions » contre des civils. Son site internet ainsi que six sites d’informations avaient été suspendus pour les mêmes raisons « jusqu’à nouvel ordre ».

Le Burkina Faso est frappé depuis près de dix ans, comme ses voisins le Mali et le Niger, par des attaques de groupes jihadistes qui ont fait plus de 20 000 morts et deux millions de déplacés. Les autorités affirment régulièrement obtenir des victoires sur les jihadistes, mais les attaques se poursuivent et une partie du territoire reste hors de contrôle de l’armée.

Aucun bilan officiel n’a été donné pour l’attaque de Mansila, qui a eu lieu la semaine dernière mais selon une source sécuritaire « beaucoup d’éléments sont portés disparus ».

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