LES CRISES DE L’EAU MENACENT LA PAIX MONDIALE, SELON UN RAPPORT DES NATIONS UNIES

« L’Eau pour la prospérité et la paix ». C’est sous ce titre que l’UNESCO a publié pour le compte d’ONU-Eau, le Rapport mondial 2024 des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau. Cette édition expose les relations complexes d’interdépendance qui existent entre la gestion durable de l’eau, la paix et la prospérité. Outre, le rapport signale que les tensions liées à l’eau exacerbent les conflits à l’échelle mondiale. Pour préserver la paix, il est préconisé des États un renforcement de la coopération internationale et des accords transfrontaliers.

C’est un secret de polichinelle. L’eau est une ressource naturelle indispensable voire incontournable à la vie sur terre. Elle est devenue une denrée rare et mal répartie dans de nombreuses régions du monde, comme en Afrique et particulièrement au Sahel.

Le dérèglement climatique, la sécheresse, la dégradation des sols ont entraîné une baisse drastique de l’eau disponible, exacerbant ainsi les problèmes de sécurité dans le monde. La disponibilité de l’eau est désormais une problématique majeure à l’échelle mondiale avec des impacts considérables sur la suffisance alimentaire, la santé, le développement économique et social et même la sécurité. Faisant écho à cette situation, le rapport de l’organisation onusienne indique que le stress hydrique a de graves impacts négatifs sur la stabilité sociale et estime que 10 % de la hausse des flux migratoires sur la planète sont liés à des déficits hydriques.

L’accès à l’eau et à l’assainissement reste toujours une préoccupation mondiale

Il ressort du rapport, 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable gérés de manière sûre. Ce chiffre atteint 3,5 milliards de personnes s’agissant de l’accès aux services d’assainissement. Et il est même à craindre que les inégalités continuent de s’accroître dans ce domaine.

En effet, entre 2002 et 2021, les sécheresses ont touché plus de 1,4 milliard de personnes. En 2022, environ la moitié de la population mondiale a connu une grave pénurie d’eau pendant au moins une partie de l’année et un quart a été confronté à des niveaux « extrêmement élevés » de stress hydrique, utilisant plus de 80% de son approvisionnement annuel total en eau douce renouvelable. Le dérèglement climatique menace d’augmenter encore la fréquence et la gravité de ces phénomènes avec des risques accrus sur la paix sociale.

Les Femmes et les filles sont les premières victimes de la crise d’eau

D’après ce rapport, les pénuries d’eau contribuent fortement à la détérioration des conditions de vie des populations, avec une hausse de l’insécurité alimentaire et des risques sanitaires. La rareté de l’eau a également un impact sur le développement social, en particulier sur les filles et les femmes. Dans de nombreuses zones rurales, elles sont en première ligne pour la collecte de l’eau et le ravitaillement en eau des familles, consacrant plusieurs heures par jour à cette tâche. Les pénuries d’eau sont également un facteur important de migrations. Or, ces déplacements de populations peuvent contribuer à leur tour à l’insécurité hydrique dans les zones d’accueil, en exerçant une pression supplémentaire sur les systèmes et les ressources en eau, alimentant alors de nouvelles tensions sociales.

Un besoin pressant de coopération transfrontalière

Le rapport met l’accent sur un besoin urgent d’accords transfrontaliers. Il note que pendant 40% de la population mondiale vit dans des bassins fluviaux et lacustres transfrontaliers, seul un pays sur cinq a conclu des accords couvrant l’ensemble de ses eaux transfrontalières en vue de gérer cette ressource de façon partagée. « L’Afrique demeure la plus exposée aux tensions interétatiques liées à l’eau : 19 États sur 22 étudiés souffrent d’une pénurie d’eau, alors même que deux tiers des ressources en eau douce sont transfrontalières. Or, sur les 106 aquifères transfrontaliers cartographiés en Afrique, seuls 7 d’entre eux font à ce jour l’objet d’une coopération formalisée entre pays ».

Dans ce contexte, la coopération transfrontalière pour la gestion de l’eau apparaît comme un levier puissant de maintien de la paix. En créant les conditions d’un dialogue régulier entre toutes les parties et en instaurant les cadres juridiques appropriés, elle est en capacité de résoudre la plupart des différends relatifs à l’eau, et donc de prévenir l’apparition ou l’exacerbation de conflits à plus grande échelle, souligne ce rapport.

Pour Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO : « À mesure que le stress hydrique augmente, les risques de conflits locaux ou régionaux augmentent également. Le message de l’UNESCO est clair : si nous voulons préserver la paix, nous devons non seulement mieux préserver les ressources en eau, mais aussi renforcer au plus vite la coopération régionale et mondiale dans ce domaine ».

Dans la même logique, Alvaro Lario, président du Fonds international de développement agricole (FIDA) et président d’ONU-Eau renchérit : « L’eau, lorsqu’elle est gérée de manière durable et équitable, peut être une source de paix et de prospérité. C’est aussi l’élément vital de l’agriculture, le principal moteur socio-économique pour des milliards de personnes »

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