Face à la polémique de la durée de la Transition, les autorités de la Transition sont passées à la vitesse supérieure. Alors que des soutiens à la transition n’avaient de cesse de réclamer la dissolution de l’ensemble des formations politiques, qu’ils taxent d’être à l’origine de tous maux de la République, les autorités de la transition ont décrété le 10 avril la suspension «jusqu’à nouvel ordre » des activités des partis et des associations à caractère politique, coupables, selon eux, de «subversion».
La décision est intervenue après qu’une bonne partie de la classe politique et de la société civile, désormais réunis dans «la coalition du 31 Mars», a constaté un vide institutionnel depuis le 26 Mars 2024 et réclamé le retour à l’ordre constitutionnel par l’organisation d’élections. Et, pour le porte-parole du gouvernement de transition, le colonel Abdoulaye Maiga, la suspension des activités politiques était motivée par ce qu’il qualifie de «discussions stériles» en marge du Dialogue inter-Maliens et de menace à «l’ordre public».
Alors que le décret est attaqué devant les juridictions appropriées pour vice de forme, les instances continentales et internationales ont également donné de la voix en exhortant les autorités maliennes à reconsidérer leur mesure.
Depuis le réseau social X, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a exprimé préoccupation face à la suspension des activités des partis et demandé l’abrogation immédiate du décret.
Dans un communiqué publié le 13 avril 2024, le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa FakiMahamat, lui a emboîté le pas dans les termes exprimé, tout en soulignant l’importance du droit à la participation, religieuse et politique considéré comme un droit fondamental. Moussa Faki a appelé par conséquent les autorités de transition à réexaminer cette décision et à travailler à l’élaboration d’une feuille de route visant à achever le processus de transition en cours.
Enfin, le porte-parole du Département d’État américain, Matthew Miller, insiste à son tour sur l’importante et la portée de «la liberté d’expression et la liberté d’association dans une société ouverte», en dénonçant la décision des autorités maliennes. Et d’appeler le gouvernement de transition du Mali à honorer ses engagements envers ses citoyens et à organiser des élections libres et équitables ».