Initié par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, lors de son adresse à la nation le 31 décembre dernier, le processus du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a déjà pris forme et ses préparatifs se poursuivent. Ainsi, moins d’un mois après son installation par le chef de l’État, le Comité de pilotage dirigé par l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, au terme d’intenses séances de réflexions, a élaboré un projet de Termes de référence (TDR) qui servira de boussole pour le dialogue direct proprement dit. Ce projet de TDR a été soumis à l’analyse et à l’expertise des délégués venus des 19 régions du pays, du District de Bamako et de la diaspora au cours d’un atelier national de validation qui s’est ouvert, hier au Centre international de conférences de Bamako (CICB).
La cérémonie d’ouverture était présidée par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, en présence de plusieurs membres du gouvernement dont le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga, son collègue chargé de la Réconciliation, le colonel-major Ismaël Wagué. L’évènement a également enregistré la présence des autorités administratives, coutumières et des légitimités traditionnelles de Bamako, ainsi que le corps diplomatique accrédité dans notre pays et des représentants des organisations internationales.
Dans son allocution, le président du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens a rappelé que dès le lendemain de son indépendance, la jeune République du Mali a eu à faire face à des troubles de plusieurs natures plus ou moins violents les uns que les autres. Parmi les plus marquants, figurent la révolte d’un groupe de Touaregs, des manifestations contre le Franc malien et des troubles sociopolitiques ayant conduit aux changements de régimes et de Républiques. Mais surtout depuis 2012, la crise multidimensionnelle, complexe et d’une rare cruauté.
Face à ces crises, les autorités maliennes, malgré leur bonne foi, ont toujours proposé des réponses dont les résultats sont restés inefficaces, a regretté l’ancien Premier ministre. Selon lui, en proposant un Dialogue inter-Maliens direct et inclusif, le colonel Assimi Goïta a appréhendé les causes de ces insuffisances qui sont autant d’échecs de processus mal pensés, souvent conduits avec peu de rigueur et d’engagement patriotique. «Ces processus conduits par des mains étrangères qui imposaient l’exclusivité de leur médiation et faisaient peu ou pas de place à la défense des intérêts vitaux des populations victimes des crises», a dénoncé Ousmane Issoufi Maïga.
CINQ THÈMES-C’est dans cette dynamique que les membres du Comité de pilotage ont élaboré le projet de TDR qui permet d’explorer profondément tous les contours de la crise au Mali, de poser des questions pertinentes qui amèneront les populations à apporter les réponses et les solutions justes.
Toutefois, les résultats auxquels le Comité de pilotage est parvenu restent provisoires et seront soumis à d’autres niveaux, a-t-il souligné. Avant de saluer le soutien et l’appui multiforme du Premier ministre et son gouvernement notamment les départements sectoriels impliqués dans le processus, qui ont contribué à l’élaboration du projet de TDR.
S’adressant aux délégués à l’atelier de quatre jours, il a rappelé qu’il s’agira pour eux de contextualiser et actualiser le premier tableau esquissé dans l’avant-projet soumis à leur examen. «Vous devez analyser, avec un esprit critique, les thèmes qui vous sont proposés, au besoin les amender et les enrichir pour en sortir des sujets de débats et des questions qui permettront d’avoir des réponses justes et fécondes. En vue d’éradiquer les maux qui minent notre société, compromettent son avenir et alimentent la haine et la division de nos populations», a-t-il conseillé.
À ce propos, il a souligné que l’avant-projet de TDR est composé de cinq thèmes à savoir : paix, réconciliation nationale et cohésion sociale, politiques et institutionnelles, économie et développement durable, sécurité et de défense du territoire, ainsi que géopolitique et environnement international. À ce sujet, il a indiqué que la qualité des résultats du Dialogue dépendra entièrement de la neutralité des thèmes à développer, de l’objectivité et de la pertinence des questions à poser. Soulignant l’espoir que les autorités de la Transition et tout le peuple malien fondent sur le Dialogue inter-Maliens, le président du Comité de pilotage a estimé que la réussite de l’atelier sera déjà les prémices de celle du Dialogue.
UNION SACRÉE- Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre a, de prime abord, rendu un hommage appuyé aux gouverneurs des régions qui sont à l’avant-poste dans les zones d’insécurité sur l’ensemble du territoire national. Ensuite, il s’est félicité du choix porté sur l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga pour diriger le Comité de pilotage du Dialogue. Cela, eu égard à son sens de l’organisation reconnu au Mali, de la rigueur et le sens élevé de l’État, qu’il ne manquera pas d’imprimer aux travaux du Dialogue. Ensuite, le chef du gouvernement a rappelé que le Mali est à une étape charnière de son avancée vers la paix, la sécurité et le développement.
Rappelant l’importance du Dialogue direct initié par le chef de l’État, Dr Choguel Kokalla Maïga a souligné que toutes les questions seront mises sur la table, excepté les quatre exigences majeures qui fondent la refondation de l’État à savoir : l’unité nationale, l’intégrité du territoire, l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national et la forme républicaine et laïque de l’État. Selon lui, même si rien ne vaut un accord de paix, «cela fait bien d’années que nous courons derrière la paix.
C’est pourquoi ce Dialogue vient à point nommé», a-t-il expliqué. Avant d’inviter tous les Maliens à soutenir sans limite et sans condition, l’initiative du chef de l’État d’aller au dialogue. Occasion pour Dr Choguel Kokalla Maïga de rappeler que l’Armée peut gagner la guerre après la reprise de Kidal, mais la paix sera gagnée par l’ensemble des Maliens. C’est pourquoi, il a invité ses concitoyens à l’union sacrée autour du président de la Transition pour rendre irréversible le processus de refondation du Mali. «La paix n’a pas de prix, mais a un coût et ce coût le peuple malien l’a déjà payé», a souligné le chef du gouvernement.
La cérémonie a été marquée par la minute de prière en la mémoire de l’ancien ministre Adama Samassekou, décédé vendredi dernier et celle de toutes les victimes de la crise malienne.