L’ancien ministre de l’énergie, de l’eau et des mines, Seydou Traoré, et près d’une dizaine de cadres de l’énergie du Mali sont toujours en garde à vue au pôle économique et financier de Bamako. Ils sont tous interpellés par la justice suite à une insuffisance constatée dans la fourniture du carburant devant approvisionner les centrales électriques et dans l’exécution d’un “marché de groupes électrogènes’’.
Le ministre de la justice, Mamadou Kassogué, promeut que tous les cadres de l’Energie du Mali interpellés seront bientôt présentés aux juridictions compétentes cette semaine. Depuis le mercredi dernier, le pôle économique et financier de Bamako a interpellé puis placé en garde à vue plusieurs hauts cadres de l’Energie du Mali et un haut cadre de la douane malienne pour « faux, usage de faux et atteinte aux biens publics ». Le vendredi 12 janvier, c’est au tour de l’ex-ministre de l’Energie, de l’eau et des mines, Lamine Seydou, d’être interpellé par la justice et mis également en garde à vue. Ce dernier avait démissionné de son poste protestant contre la mauvaise gestion de l’ex-directeur général de l’énergie du Mali, Koureichi Konaré.
Alors que ce dossier est à la phase instructive, le ministre de la justice et des Gardes de Sceaux, Mamadou Kassogé, s’est prononcé sur ce sulfureux dossier de l’Energie du Mali en marge de la célébration de la deuxième édition de la semaine de la justice. A cette occasion, le Garde des Sceaux a balayé d’un revers les informations publiées dans d’autre presse et selon lesquelles le dossier des carburants non livrés « était vide ». « Je rappelle à tout le monde que le temps de la justice n’est pas celui des hommes. La justice ne peut pas agir de façon instinctive. Nous prenons le temps d’analyser, d’observer et d’investiguer avant de prendre des décisions », a rétorqué le ministre de la justice. Selon lui, les investigations ont permis de mettre certaines personnes en garde à vue. « Ces personnes seront bientôt présentées aux juridictions compétentes », a déclaré le Garde des Sceaux, affirmant qu’il y a une quantité importante de carburants non livrés qui ont été régularisés. « Sur les 19 millions de litres de carburant non livrés, 6 millions de litres ont été régularisés et 13 millions de litres en cours de régularisation», a révélé le ministre de la justice sur ce sulfureux dossier de détournement de carburants dévoilés par son homologue ministre de la l’énergie et de l’eau. Pour le ministre cette régularisation a permis déjà de restituer « 4, 8 milliards FCFA à l’énergie du Mali ».
« L’Etat a été trompé »
La justice a commencé à enquêter sur ce dossier suite à la sortie médiatique de l’actuel ministre de l’énergie et de l’eau, Bintou Camara. sur les antennes de l’ORTM, cette ex-conseillère du Colonel Assimi Goïta avait dévoilé des cas de vol de carburant, de surfacturations et la mauvaise exécution du marché d’acquisition de 27 groupes électrogènes dont le montant s’élève à plusieurs milliards FCFA.
Le premier ministre Dr Choguel Kokala Maïga, interpelé la semaine dernière par le M5-RFP sur le dossier des délestages, a évité d’évoquer explicitement les différentes interpellations en se contentant de dire que « l’Etat a été trompé ». Selon lui, « des nouveaux groupes électrogènes sont en route. Parce que sur beaucoup de plans, les autorités ont été trompées. Qui a trompé qui, je ne sais pas». En tout cas, le chef du gouvernement, qui s’exprime rarement sur ce dossier de l’EDM, a mis en garde les présumés auteurs de la mauvaise gestion des carburants et du marché de l’achat des groupes électrogènes. « Ni le président ni le gouvernement ne peuvent accepter que certains citoyens fassent souffrir notre peuple. Ils ne perdent rien à attendre », a –t-dit.
Depuis plusieurs mois, la société Energie du Mali est confrontée à l’une des pires crises depuis sa création. La société est incapable de fournir de l’électricité à ses clients plongeant dans le noir plusieurs quartiers de la capitale et des grandes villes à l’intérieur du pays pendant des longues heures. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, estime que cette crise est consécutive «à plusieurs années de mauvaise gestion et de manque de vision de développement pour ce secteur stratégique».