Le Centre international de conférences de Bamako (CICB) a abrité, le lundi 8 janvier 2024, la cérémonie de lancement officiel de la 2ème édition de la Semaine de la justice sous le thème : « Des reformes innovantes pour une justice efficace et crédible ». Cette cérémonie était présidée par le ministre de la justice et des droits de l’Homme, garde des sceaux, Mamoudou Kassogué, en présence d’autres membres du gouvernement et des membres de la famille judiciaire. Au cours de cette cérémonie, le ministre Kassogué, magistrat de son Etat, a fait savoir que l’appareil judiciaire doit fonctionner normalement dans tous ses segments. « Un magistrat corrompu est aussi dangereux qu’un avocat qui négocie le procès avec son confrère commis par la partie adverse, au détriment de son propre client, tout comme un notaire qui fait du faux pour écarter un héritier de la succession au profit d’un autre », a déclaré le ministre Mamoudou Kassogué.
Dans ses mots de bienvenue, le secrétaire général du ministère de la justice, Dr. Boubacar Sidiki Diarrah, Président de la Commission d’organisation de la 2ème édition de la semaine de la justice, a fait savoir que cette 2ème édition a pour objectif de rendre la justice encore plus proche des citoyens, de les informer sur leur droit et de promouvoir la bonne distribution de la justice. Par ailleurs, il a rappelé que des recrutements ont été faits dans le secteur de la justice en 2022 et en 2023. « Ces recrutements massifs et qualitatifs sont de nature à renforcer de façon significative les ressources humaines de la justice, inverser positionnement la tendance du ratio magistrat nombre de population afin de trouver une solution rationnelle à la lenteur judiciaire tant décriée et renforcer le crédit de la justice », a-t-il dit. A l’en croire, d’autres recrutements sont prévus en 2024. Enfin, il a signalé que plusieurs activités sont retenues pour cette édition dont une conférence sur le double degré de juridiction en matière administrative, le jeudi 11 janvier 2023 à 15 heures au Siège de la Cour Administrative d’Appel à Banankabougou (Bamako).
A sa suite, le ministre de la justice et des droits de l’Homme, garde des sceaux, Mamoudou Kassogué, a indiqué que son département s’est attelé à renforcer la lutte contre l’impunité sous toutes ses formes. « Qu’il s’agisse de la lutte contre la corruption et les autres formes de délinquance économique et financière, de la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ou de celle contre la cybercriminalité, notamment la dépravation de nos mœurs et de nos valeurs sociales à travers les réseaux sociaux, la justice est aujourd’hui mieux outillée pour faire face à ces phénomènes, avec un cadre institutionnel adapté, un personnel qualifié dont les qualités morales et professionnelles sont reconnues et un arsenal juridique adéquat. La lutte contre l’impunité est un vaste chantier sur lequel la justice est fortement attendue, l’objectif fondamental étant de faire en sorte qu’aucun crime ne reste impuni, quel que soit son auteur », a-t-il dit. Selon lui, les nouveaux textes (Code Pénal et Code de Procédure Pénale) en cours d’adoption ont l’avantage d’être assez exhaustifs en ce qui concerne les incriminations, prenant en compte les préoccupations actuelles liées, notamment au renforcement de la lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, la cybercriminalité, le terrorisme. «J’ai l’habitude de dire dans mes précédentes interventions que l’appareil judiciaire doit fonctionner normalement, dans tous ses segments, pour éviter que des comportements déviants, à quelque niveau que ce soit, ne rejaillissent sur l’image de l’institution judiciaire dans son ensemble. A cet égard, un magistrat corrompu est aussi dangereux qu’un avocat qui négocie le procès avec son confrère commis par la partie adverse, au détriment de son propre client, tout comme un notaire qui fait du faux pour écarter un héritier de la succession au profit d’un autre. S’en sortent aussi avec un comportement moins vertueux l’Huissier-Commissaire de Justice qui détourne la somme recouvrée pour le compte de son client, le fonctionnaire de greffe qui fait de la rétention d’acte pour se faire payer des services normalement gratuits ou le surveillant de prison qui laisse le détenu sortir moyennant le versement d’un pot de vin », a déclaré le ministre Kassogué. Selon lui, il s’agit de s’attaquer véritablement aux maux qui affectent négativement la qualité du service public de la justice. « A côté du tableau peu reluisant des comportements indélicats évoqués, il existe fort heureusement une autre justice, celle qui est portée par des hommes et des femmes attachés au respect scrupuleux non seulement des règles d’éthique et de déontologie telles qu’elles résultent des différents statuts, mais aussi aux valeurs de moralité et d’intégrité conformes à notre société. Cette frange mérite notre soutien et notre respect pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle fait. Le défi du changement qualitatif est à notre porté si nous faisons front commun contre les acteurs indélicats qui doivent être identifiés et combattus sans faiblesse», a conclu le ministre.