Quand la religion entrave la planification familiale des jeunes filles à Gao

Gao présente le taux de natalité le plus élevé parmi les régions du nord du Mali. Dans la région de Gao, au nord du Mali, la planification familiale est confrontée à plusieurs difficultés. Malgré cela, le taux de natalité est beaucoup plus élevé à Gao (32,3 ‰) que dans les autres régions du nord, à savoir Tombouctou (31,8 ‰) et Kidal (29,3 ‰), selon la Direction Nationale de la Statistique. Les jeunes filles, et même les femmes mariées, ont de plus en plus de mal à accéder aux services de planification. Pourtant, plusieurs organismes œuvrant dans ce domaine existent dans la zone. Cependant, depuis quelques mois, ces organisations tendent à quitter la région.

**Le face-à-face entre la religion et la planification familiale**

Depuis quelques années, les services et projets liés à la planification familiale disparaissent peu à peu en raison de la pression exercée par les religieux, notamment les imams et les marabouts. À leur arrivée, de nombreuses actions ont été menées avec les jeunes, et même à plusieurs reprises avec les leaders religieux, afin de leur expliquer l’importance de la planification familiale. La région de Gao étant à 98 % musulmane, et compte tenu de l’influence de ces religieux, des campagnes de sabotage contre les produits de la planification familiale ont eu lieu. Beaucoup de ces services et projets ont donc fermé leurs portes et quitté la ville de Gao.

**Les conséquences deviennent visibles**

L’absence de ces services dans la ville a eu des conséquences visibles sur le taux de natalité dans la région de Gao. Selon le Dr. Moussa Mohamadou, spécialiste en santé sexuelle dans un centre de santé de Gao, le taux de natalité a augmenté ces dernières années pour atteindre aujourd’hui 34 %. Cette situation est due au fait que les services de santé sexuelle ne sont plus disponibles. Selon cette mère de famille, l’augmentation du taux de natalité dans la région est due au manque de services appropriés qui guidaient les jeunes filles. Elle estime qu’à moins d’une intervention, la situation pourrait devenir catastrophique.

**Redynamisation du secteur de la santé sexuelle**

Il est urgent de mettre en place des mécanismes visant à redynamiser le secteur et à permettre à ceux et celles qui désirent avoir accès aux services de santé sexuelle de le faire. Les projets et services œuvrant dans le cadre de la planification familiale doivent revenir en ville et reprendre leurs activités. L’État doit également apporter sa contribution pour lutter contre ce fort taux de natalité. En attendant, la courbe continue de grimper.

                                                            Aly Ibrahim

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