Il est accusé par le parquet de N’Djamena d’acte raciste et xénophobe, d’incitation à la révolte et de manifestation non armée et de détention illégale d’arme à feu.
Interpellé le 6 septembre 2023 à Faya au nord du Tchad, le membre du Conseil national de transition (CNT, organe qui fait office de parlement provisoire) est placé sous mandat de dépôt le 7 septembre. L’information a été donnée par le procureur près le tribunal de grande instance de N’Djamena, Oumar Mahamat Kedelley au cours d’un point de presse qu’il a animé ce vendredi.
D’après le procureur, il est reproché à ce conseiller de la République des faits de racisme et de xénophobie, d’incitation à la révolte, manifestation non armée et détention illégale d’arme à feu. Faits prévus et punis par les dispositions du code pénal tchadien.
Tout remonte à l’incident dramatique survenu à Faya-Largeau, chef-lieu de la province du Tibesti. Dans les faits, un soldat français, infirmier de son état, a tiré à bout portant sur un jeune civil, venu pour des soins au sein de la base de l’armée française installée dans cette ville. D’après les éléments rapportés par le procureur, l’infirmier s’est défendu, car agressé par le civil qui lui a administré des coups de poignard.
Ayant appris la nouvelle, la population de cette ville était sortie massivement pour désapprouver cet acte commis par l’infirmier français. Lors de cette manifestation, le membre du Conseil national de Transition, Ahmat Bedei Toulloumi qui se trouvait dans la ville, a pris le devant, selon les dires du procureur. Ce n’est pas tout. Dans un direct sur Facebook, le député a exprimé sa colère et a promis, avec l’aide de la population locale, de déloger la force française de cette localité. « Je pense que trop c’est trop. Soit justice soit rendue soit je démissionne du CNT. Le gouvernement de Transition doit prendre des mesures nécessaires pour punir le présumé assassin sinon nous allons déloger cette force d’occupation sur notre territoire », a-t-il déclaré ce jour. Propos qualifiés d’indignes par les autorités judiciaires qui ont enclenché l’action publique contre lui.
A la suite de son interpellation, il a été transféré à N’Djamena et déféré au parquet de cette ville. Pour éviter de conflit de compétence, le procureur près du tribunal de grande instance de N’Djamena a expliqué que la Cour suprême a dessaisi le tribunal de Faya au profit de celui de N’Djamena.
Cependant, le légionnaire français, auteur de ces tirs mortels, a été aussi auditionné et remis à son ambassade. Ceci, conformément aux accords signés entre le Tchad et la France dans le cadre de la coopération militaire, précise le procureur.