Créée par Ordonnance en 2014, la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) avait pour mandat de contribuer à la restauration de la paix, la justice sociale et de l’unité nationale mises en mal par des crises multiformes. Au terme de sa mission, les acteurs sont unanimes sur le bilan positif de la CVJR.
24 mille263 victimes et témoins ont eu accès à la parole à travers cinq audiences publiques, selon son président Ousmane Oumarou Sidibé. Il relève également comme acquis l’accompagnement psycho-médicales offerts aux victimes dans les différentes antennes du CVJR. « Au sein de nos antennes, des médecins essaient d’évaluer les besoins des victimes en termes d’accompagnement urgent, médical ou psychologique. Une convention a été avec l’Agence nationale d’assistance médicale afin que toutes ces victimes puissent bénéficier d’une prise en charge gratuite », a confié M. Sidibé lors d’une interview. La Commission vérité, justice et réconciliation a par ailleurs obtenu prouesse de tenir des audiences publiques retransmises sur les médias. Véritable modèle à part entière, la CVJR du mali est la deuxième à avoir été créé en temps de crise après celle de la Colombie.
Alors que le 31 décembre 2021 marquait la fin de ses travaux sur le terrain, la CVJR a rendu possible un rêve longtemps caressé par les victimes des crises qui ont secoué le Mali depuis 1963, celui de la réparation. L’Etat malien a adopté la politique nationale de réparation a été adoptée lors du Conseil des ministres du 23 juillet 2021 suite à la proposition de loi sur la réparation formulée par la CVJR. Cette loi vise à réparer les préjudices physiques, moraux et matériels subis par des milliers de victimes de conflits et coup d’Etat de 1968 à nos jours. Selon le Haut-commissariat aux droits de l’homme du système des Nations unies, la réparation est un droit. « Ce droit se traduit par des mesures visant à tenter de remédier aux violations des droits de l’homme en offrant aux victimes ou à leur famille, ainsi qu’aux communautés touchées, un certain nombre d’avantages, matériels et symboliques. La réparation doit être adéquate, efficace, rapide, et devrait être à la mesure de la gravité des violations et du préjudice subis », poursuit le Haut-commissariat aux droits de l’homme.
Le coût prévisionnel des réparations au Mali est estimé à 65 milliards 467 millions de francs CFA. L’État va en premier lieu indemniser les proches des personnes décédées, quels que soient les auteurs de leur disparition. Ensuite ce sera le tour des victimes des pillages et les dégradations de biens, pour lesquels selon un montant standard.
ALY IBRAHIM